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Discours du Général de Gaulle du 2 juillet 1940

Le 2 juillet 1940, dans un nouvel appel à la Résistance lancé sur les ondes de la BBC, le Général de Gaulle déclare qu'en prenant les armes ses compagnons et lui ont choisi la voie "de l'honneur et de l'espérance" et qu'ils ont donc refusé "la voie de l'abandon et du désespoir" que proposaient les défaitistes. (Document 1)

Le Chef de la France Libre reprendra cet argumentaire dans une Déclaration filmée vers le 2 juillet 1940. (Document 2)


Document 1 :

DISCOURS
PRONONCE A LA RADIO DE LONDRES
 2 juillet 1940


Il y a aujourd'hui neuf jours que le Gouvernement qui fut à Bordeaux a signé la capitulation exigée par l'Allemagne.
Il y a sept jours que le même Gouvernement a signé la capitulation exigée par l'Italie.
Inutile d'énumérer de nouveau les conséquences affreuses de cette double capitulation. Mais il y en a une qu'un soldat a le devoir de souligner. Et je la souligne.
Cette conséquence, c'est la crise des consciences françaises.
Après l'effondrement moral du Commandement et du Gouvernement par l'action foudroyante de la force mécanique allemande, deux voies se sont ouvertes.
L'une était la voie de l'abandon et du désespoir. C'est celle qu'a choisie le Gouvernement de Bordeaux. Rompant l'engagement qui liait la France à ses Alliés, ce gouvernement s'est, suivant le mot de Tacite, « rué à la servitude ».
L'autre voie est celle de l'honneur et de l'espérance. C'est cette voie-là qu'ont choisie mes compagnons et moi-même.
Mais beaucoup de Français se trouvent déchirés entre les deux chemins. D'une part, l'appel des gouvernants tombés au pouvoir de l'ennemi - d'autre part, l'appel de la France qui crie vers la délivrance.
Ces bons Français, ces simples Français, ces Français qui font passer la France avant la cause de l'orgueil, de la terreur ou des intérêts, je les adjure de se demander ceci :
Jeanne d'Arc, Richelieu, Louis XIV, Carnot, Napoléon, Gambetta, Poincaré, Clemenceau, le maréchal Foch, auraient-ils jamais consenti à livrer les armes de la France à ses ennemis pour qu'ils puissent s'en servir contre ses Alliés ? Duquesne, Tourville, Suffren, Courbet, Guépratte, auraient-ils jamais consenti à mettre à la discrétion de l'ennemi une flotte française intacte ?
Dupleix, Montcalm, Bugeaud, le maréchal Lyautey, auraient-ils jamais consenti à évacuer, sans combattre, les points stratégiques de l'Empire, auraient-ils jamais supporté, sans même avoir livré combat, le contrôle de l'ennemi sur l'Empire ?
Que les bons Français se posent ces questions ! Ils comprendront aussitôt où est l'honneur, où est l'intérêt, où est le bon sens. Ils comprendront aussitôt où est l'âme de la France.
L'âme de la France ! Elle est avec ceux qui continuent le combat avec tous les moyens possibles, actifs ou passifs, avec ceux qui ne renoncent pas, avec ceux qui, un jour, seront présents à la Victoire.


Charles de Gaulle, 
Discours au Français,
Tome 1 1940-1941, 1944, pp. 22-23.


Document 2 :

Déclaration filmée du Général de Gaulle
(enregistrée vers le 2 juillet 1940)

La défaite française a été causée par la force mécanique, aérienne et terrestre de l'ennemi.
L’action foudroyante de cette force mécanique a amener l'effondrement du moral du commandement et du gouvernement. Devant cet effondrement, deux voies s'ouvraient :
L'une était celle de l’abandon et du désespoir. Elle menait à la capitulation. C’est celle qu’a choisie le gouvernement Pétain.
L'autre est celle de l’honneur et de l’espérance. C’est celle qu’ont choisie mes compagnons et moi.
Nous croyons que l’honneur des Français consiste à continuer la guerre aux côtés de leurs alliés et nous sommes résolus à le faire.
Nous espérons qu’un jour une force mécanique supérieure nous permettra d'avoir la victoire et de délivrer la patrie.
Dans un enregistrement filmé le Général de Gaulle fait une Déclaration dont le contenu correspond à l'Appel du 2 juillet 1940.

Enregistrée vers le 2 juillet 1940 au vu de son contenu, cette Déclaration filmée est la première apparition du Général de Gaulle dans un document cinématographique depuis son arrivée à Londres.