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"Lettre aux militants communistes" de novembre 1940

En novembre 1940, soit quatre mois après le début de l'occupation allemande, le Parti communiste s'adresse à ses membres dans une "Lettre aux militants communistes". (Doc. 1)

Rédigée au mois d'octobre ("Nous sommes au quatorzième mois de la deuxième guerre impérialiste"), cette lettre porte les signatures de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du PCF.

La signature de Maurice Thorez doit convaincre les militants que ce dernier est présent sur le territoire français et que c'est lui qui dirige le Parti dans la clandestinité. En réalité le secrétaire général du PCF s'est réfugié en Russie après sa désertion en octobre 1939 et un court séjour en Belgique.

Tirée à 200 000 (1) exemplaires, la "Lettre aux militants communistes" est le tract le plus important diffusé par les communistes à l'automne 1940. C'est pour cette raison qu'elle sera reproduite en mars 1941 dans les 20 000 (2) exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.

Tract pacifiste, anti-gaulliste et anglophobe, cette lettre vise trois objectifs : rappeler aux militants communistes la ligne du Parti, célébrer leur engagement et enfin définir leurs tâches.

De ce texte, on retiendra deux points particuliers : la condamnation de la guerre impérialiste et les motifs de la persécution des communistes.

Sur le premier point, le tract se félicite de la défaite de la France ("un puissant impérialisme a été abattu") et illustre un nouveau thème dans la propagande communiste : la dénonciation commune des agents de l'impérialisme anglais (De Gaulle) et ceux de l'impérialisme allemand (Doriot à Paris et Pétain à Vichy) qui veulent engager une nouvelle fois la France dans une guerre impérialiste.

Sur le second, il indique que les communistes sont pourchassés par ce que le Parti communiste est le "le seul Parti français", qu'il défend "l'amitié avec l'URSS" et enfin qu'il est "le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme". Aucune référence à la lutte contre les Allemands !!!

Après avoir reproduit les numéros de l'Humanité de décembre 1940 et janvier 1941 appelant les militants communistes à lire la lettre de Thorez et de Duclos (I), on s'intéressera à deux thèmes marquants de cette lettre : la lutte contre la guerre impérialiste (II) et les causes de la répression des communistes (III).

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 408.
[Télégramme du 6 mai 1941 d'Eugen Fried, représentant de l'IC auprès du PCF (Bruxelles), adressé à Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC (Moscou). Dans ce télégramme, Fried transmet à Dimitrov les statistiques exprimées en millier d'exemplaires qu'il a reçues de Duclos concernant les tirages des publications communistes entre novembre 1940 et mai 1941. Parmi les documents publiés aux "mois de novembre et de décembre" figure la "Lettre aux communistes" (sic) avec la mention "200"].
(2) Ibid. p . 409 [Voir note (1).  Le télégramme indique "Cahiers du Bolchévisme : 20"]


Partie I

L'Humanité

Outre un tirage élevé et la signature des deux principaux dirigeants communistes, les mentions dans l'Humanité de décembre 1940 et janvier 1941 témoignent de l'importance de la "Lettre aux militants communistes" diffusée au mois de novembre :

Membres du Parti, sympathisants
Lisez, étudiez
LA LETTRE ADRESSEE AUX MILITANTS COMMUNISTES
au nom du Comité central du parti, par
Maurice Thorez et Jacques Duclos
                secrétaire général         secrétaire


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Il faut lire et étudier
LA LETTRE ADRESSEE AUX MILITANTS DU PARTI 
par Maurice THOREZ et Jacques DUCLOS


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Lisez et étudiez
la lettre adressée aux
militants communistes par
Maurice Thorez et Jacques Duclos

(L'Humanité n° 95 du 30 décembre 1940

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Camarades,
«... Notre presse est interdite, mais grâce à vous, grâce à vos initiatives, grâce à vos efforts elle est, et continuera à être, quand même, largement diffusée.
«... Merci à vous tous camarades, qui tournez nos tracts et nos journaux; merci à vous qui en assurez la diffusion en faisant preuve de tant d'ingéniosité et de courage; merci à vous tous, qui par tant de moyens divers, faites connaître les mots d'ordre de notre Parti; continuez votre magnifique action de propagande révolutionnaire, faites en sorte que notre Humanité, que nos journaux aillent partout expliquer la politique communiste, et montrer au peuple le chemin de la libération, le chemin du salut...»

Extrait de la lettre adressée aux militants communistes au nom du Comité Central du Parti par

Maurice Thorez                        et                        Jacques Duclos
                   secrétaire général                                                       secrétaire

Lisez et étudiez cette lettre


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Lisez et étudiez la lettre de M. Thorez et Jacques Duclos



Partie II

Condamnation de la guerre impérialiste

Guerre franco-allemande de 1939-1940

Dans leur lettre, Maurice Thorez et Jacques Duclos déclarent avec fierté que le Parti communiste s'est opposé dès septembre 1939 à la guerre impérialiste en refusant de voter les crédits militaires :

"En nous dressant contre la guerre impérialiste, dans laquelle la France avait été jeté par un gouvernement indigne soutenu par le Parlement unanime, à l'exception des communistes, nous avons rempli notre devoir de prolétaires révolutionnaires ne perdant pas de vue que, selon la belle formule de Karl Liebknecht, « L'ENNEMI EST CHEZ NOUS ».

Ainsi, en novembre 1940, les communistes se présentent comme... les pacifistes de la première heure. Toutefois, cette revendication est fondée sur un mensonge : leur refus de voter les crédits militaires.

En effet, à la séance du 2 septembre 1939, les députés communistes ont non seulement applaudi le discours du Président du Conseil, Edouard Daladier, mais aussi voté, après une délibération positive de la commission des finances, en faveur de l'augmentation du budget militaire conformément à ce que Georges Cogniot avait annoncé dans cette commission : le groupe communiste "votera les crédits dans le même esprit dans lequel il a applaudi le discours du président du Conseil, et en souhaitant l'union de toute la nation, y compris ses forces vives et loyales, ainsi que le rétablissement d'un régime égal pour toute la presse". (1)

Quant aux deux sénateurs communistes, Jean-Marie Clamamus et Marchel Cachin, ils ont aussi voté en faveur des crédit militaires quand le texte adopté par la Chambre a été le même jour soumis au Sénat.

Célébration de la défaite française

Décrivant la situation de la seconde guerre impérialiste après quatorze mois de conflit, le Parti communiste se félicite de la défaite de la France en affirmant qu'un "puissant impérialisme a été abattu" :

"Nous sommes au quatorzième mois de la deuxième guerre impérialiste en Europe et nous avons sous les yeux le bilan suivant : un puissant impérialisme a été abattu [La France]; ceux qui avaient l'habitude faire la guerre par procuration sont obligés de se battre directement [L'Angleterre]; ceux qui déclarèrent la guerre au dernier moment dans l'espoir qu'elle durerait quinze jours, sont obligés de continuer la lutte [L'Italie] et ceux qui comptaient sur de fulgurantes et décisives victoires doivent tout recommencer au moment où ils croyaient avoir tout fini [L'Allemagne].

Autre texte présentant la défaite française comme un succès, les Instructions de juillet 1940, dans lesquelles le Parti communiste affirme que "La classe ouvrière française et mondiale doit retenir cet événement comme une victoire et comprendre qu'il faut voir là un ennemi de moins" :

"L'impérialisme français vient de subir sa plus grande défaite de l'Histoire.
Résultat et suite logique de Munich : trahison et politique réactionnaire.

BILAN. - L'ennemi - qui est à l'intérieur dans toute guerre impérialiste - est par terre.

La classe ouvrière française et mondiale doit retenir cet événement comme une victoire et comprendre qu'il faut voir là un ennemi de moins. Il importe donc de mettre tout en œuvre pour que la chute de l'impérialisme français soit définitive. Il ressort, à la constatation de cet état de chose, que la lutte du peuple français a eu le même objectif que la lutte de l'impérialisme allemand contre l'impérialisme français. Il est exact qu'en ce sens ce fut un allié occasionnel."

Guerre anglo-allemande

La thèse de la guerre impérialiste restant valide pour le conflit anglo-allemand, les communistes condamnent toute participation de Français aux côtés de l'un des deux belligérants :

"La guerre pour la domination du monde capitaliste continue et sa fin n'apparaît pas prochaine.  [...] C'est pourquoi on tentera peut-être d'entraîner à nouveau notre malheureux pays dans la guerre impérialiste, les traîtres Doriot et Gitton voulant que les français mettent « SAC AU DOS » pour faire la guerre à l'Angleterre afin d'aider l'Allemagne, les agents de de Gaulle voulant faire tuer des Français pour aider l'Angleterre dans sa lutte contre les allemand."

La défaite de la France n'a donc en rien modifié la ligne politique du Parti communiste qui continuera de se mobiliser pour la Paix avec l'Allemagne :

"De même qu'il a combattu hier la guerre impérialiste, le Parti Communiste combattra toute tentative, quelle qu'elle soit, de jeter à nouveau la France dans la guerre impérialiste."

(1) Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, 1983, p. 107.


Partie III

Persécution des militants communistes

Motifs

Dans leur tract diffusé en novembre 1940, Maurice Thorez et Jacques Duclos détaillent les motifs pour lesquels les militants communistes sont persécutés :

"On persécute le Parti communiste parce qu'il est le seul Parti Français, parce qu'il est le Parti de l'amitié avec l'URSS, parce qu'il est le Parti du relèvement de la France.
On nous persécute parce que nous sommes le Parti de l'avenir, parce que nous sommes le Parti qui veut faire payer les riches et confisquer les bénéficies de guerre, parce que nous sommes le Parti qui veut nationaliser sans indemnité les Banques, Compagnies d'Assurances, Mines, Chemins de Fer et autres entreprises capitalistes pour donner du travail et du pain au Peuple de France; on nous persécute parce que nous sommes le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme, parce que nous sommes le Parti qui donnera à la France le gouvernement du peuple auquel elle aspire, le gouvernement de la libération sociale et de l'indépendance nationale".

Le texte met en avant trois motifs de persécution : le Parti communiste est le "le seul Parti français", il défend "l'amitié avec l'URSS" et enfin il est "le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme". Aucune référence à la Résistance des communistes !!!

"Le seul Parti français"

Le Parti communiste se définit comme "le seul Parti français" par opposition au Maréchal Pétain et au Général de Gaulle qui sont présentés par les communistes comme des agents de l'étranger, le premier parce qu'il sert l'impérialisme allemand, le second parce qu'il est au service de l'impérialisme anglais.

Cette opposition entre d'un côté les communistes - les Français - et de l'autre les pétainistes et les gaullistes - les étrangers - est résumée par la formule suivante : "Ni dominion britannique, ni protectorat allemand, la France aux Français".

On rappellera que le Parti communiste est structurellement soumis à l'Internationale communiste laquelle est totalement contrôlée par l'URSS et Staline.

Le Parti communiste est donc persécuté par Vichy parce qu'il ne défend ni les intérêts de l'impérialisme allemand ni ceux de l'impérialisme anglais.

Précisons que les communistes analysent la politique de Vichy comme le produit d'un affrontement entre des clans pro-anglais et pro-allemand. Pour illustrer cette analyse, on citera le chapitre "Deux clans de Vichy" du manifeste-programme "Pour le salut du peuple de France" de février 1941 :

Deux Clans de Vichy

Cependant, l'accord n'est pas parfait à Vichy. Certains des membres de la clique gouvernante voudraient entraîner la France, et plus particulièrement ses possessions Nord-Africaines dans la guerre contre l'Allemagne aux côtés de l'Angleterre, laquelle bénéficie d'un soutien chaque jour plus actif de la part des Etats-Unis.
D'autres membres de cette même clique voudraient sous le couvert de la politique de « collaboration » inaugurée à Montoire entraîner la France dans la guerre contre l'Angleterre, en livrant à l'Allemagne la marine de guerre française et les ports de la Méditerranée tant métropolitains que Nord-Africains.   
C'est cette lutte entre les deux clans de Vichy qui amena le débarquement de Laval, le 13 décembre 1940, débarquement auquel ne se sont jamais résignés les autorités d'occupation qui ont provoqué l'entrevue de la Ferté-Hauterive ente Pétain et Laval pour préparer le retour du traître d'Aubervilliers dans les conseils du gouvernement de Vichy. 
C'est aussi pour imposer le retour de Laval au pouvoir qu'on a vu un ramassis de traître, de renégats du Front Populaire et de cagoulards constituer par ordre des occupants un prétendu « RASSEMBLEMENT NATIONAL POPULAIRE » qui n'est ni NATIONAL, ni POPULAIRE.
Le peuple de France emplit d'un profond mépris à l'égard de la tourbe des politiciens de Vichy et de Paris ne veut être ni le soldat de l'Angleterre, ni le soldat de l'Allemagne, ni le soldat de Churchill, ni le soldat de Hitler; il ne veut pas être le soldat de la ploutocratie sous quelque visage qu'elle se présente.

"L'amitié avec l'URSS"

Pour Maurice Thorez et Jacques Duclos, le Parti communiste est aussi persécuté parce qu'il défend une alliance diplomatique et économique avec l'URSS dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.

Pour souligner le fait que cette alliance s'inscrit pleinement dans le projet pacifiste défendu par les communistes, on citera La Vie du Parti n° 9 de septembre 1940 : 

"En réclamant la signature d'un pacte d'amitié franco-soviétique, les communistes français ont conscience de lutter efficacement pour la paix et les intérêts bien compris de notre peuple."

Manifestation du pacifisme des communistes, cette revendication témoigne aussi de leur anglophobie. 

En effet, l'alliance avec l'URSS doit se substituer à la relation de servitude qui unissait la France à l'Angleterre. Preuve de cette servitude pour les communistes : c'est par soumission à l'Angleterre que la France a déclaré la guerre à l'Allemagne.

"Le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme"

Dernier motif de persécution : les communistes veulent renverser le régime capitaliste.

Dans leur lettre Maurice Thorez et Jacques Duclos affirment clairement que l'objectif du Parti communiste est le renversement du régime capitaliste et non la défaite d'Hitler :

"A l'exemple du grand Parti de LENINE et STALINE qui a fait de la veille Russie tzariste épuisée et misérable le puissant et magnifique pays des Soviets, nous ferons de la France, aujourd'hui vassalisée et humiliée, que personnifient Pétain et Laval, une France rénovée, libre et indépendante dans une Europe débarrassée de la domination capitaliste".

La révolution socialiste s'inscrit pleinement dans le projet pacifiste des communiste. En effet, la cause de la guerre impérialiste étant le régime capitalisme, seule la destruction de ce régime permettra de garantir une paix durable.

On notera que les communistes combattent le régime de Vichy parce qu'il représente les oligarchies capitalistes et non pour sa volonté de faire la Paix avec l'Allemagne nazie.

Pour terminer, on indiquera que le projet communiste a été défini par Georgi Dimitrov, secrétaire général de l'International communiste, dans son texte d'octobre 1940, "La guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes" :

"Tenant haut le drapeau de l'internationalisme prolétarien, consolidant les liens de la solidarité fraternelle de la classe ouvrière de tous les pays, les communistes aideront par là tous les travailleurs à remplir leur mission historique.
Les impérialistes des pays belligérants ont commencé la guerre pour un nouveau partage du monde, pour la domination universelle, en vouant à l'extermination des millions d'hommes. La classe ouvrière est appelée à en finir avec cette guerre à sa façon, dans son intérêt, dans l'intérêt de toute l'humanité travailleuse, et à supprimer, ainsi, à tout jamais, les causes essentielles qui engendrent les guerres impérialistes."


Document 1 :

LETTRE
aux Militants communistes


Chers camarades,

Depuis plus d'une année, privée de tous moyens légaux d'expression, insulté, calomnié, persécuté, notre Parti Communiste a résisté à tous les coups des ennemis du peuple. Rien n'a pu arrêter sa lutte courageuse contre la guerre impérialiste, et rien n'a pu abattre la confiance de ses membres dans la victoire finale du prolétariat, dans le triomphe final de la cause du communisme.

En nous dressant contre la guerre impérialiste, dans laquelle la France avait été jeté par un gouvernement indigne soutenu par le Parlement unanime, à l'exception des communistes, nous avons rempli notre devoir de prolétaires révolutionnaires ne perdant pas de vue que, selon la belle formule de Karl Liebknecht, « L'ENNEMI EST CHEZ NOUS ». [...]

ILS VOUDRAIENT 
FAIRE DES FRANÇAIS 
LES SOLDATS DE L’ÉTRANGER

La guerre pour la domination du monde capitaliste continue et sa fin n'apparaît pas prochaine. L'Allemagne et l'Italie d'une part et d'autre part l'Angleterre aidée par les Etats-Unis continuent à ce battre et la conflagration actuelle risque fort de s'étendre dans les mois à venir. C'est pourquoi on tentera peut-être d'entraîner à nouveau notre malheureux pays dans la guerre impérialiste, les traîtres Doriot et Gitton voulant que les français mettent « SAC AU DOS » pour faire la guerre à l'Angleterre afin d'aider l'Allemagne, les agents de de Gaulle voulant faire tuer des Français pour aider l'Angleterre dans sa lutte contre les allemands.

De même qu'il a combattu hier la guerre impérialiste, le Parti Communiste combattra toute tentative, quelle qu'elle soit, de jeter à nouveau la France dans la guerre impérialiste. [...]

Notre parti est opposé à toute guerre de conquête, à toute guerre d'oppression, et de même que nous avons lutté contre les impérialistes français, contre le Traité de Versailles et contre l'occupation de la Rhur, de même que nous avons avec le camarade Thaelmann et le Parti Communiste Allemand défendu le peuple allemand contre l'oppression des Alliés, de même nous nous élevons contre un traité de Versailles à Rebours qui ruinerait la France pour le plus grand profit de quelques ploutocrates, tout comme l'Allemagne fut ruinée après la première guerre impérialiste pour le profit de quelques parasites capitalistes. 

UN PEUPLE QUI OPPRIME D'AUTRES PEUPLE NE PEUT PAS ETRE LIBRES, disaient Marx et Engels; c'est ce principe qui nous a guidés dans la lutte contre le Traité de Versailles  et ce principe guidera aussi dans leurs luttes nos frères, les ouvriers des autres pays.

Nous communiste, nous voulons la liberté et l'indépendance de la France et nous sommes le seul Parti exprimant ainsi les sentiments profonds de notre peuple tout entier qui comprend qu'une victoire impérialiste se traduirait par la vassalisation de la France.

Ni dominion britannique, ni protectorat allemand, la France aux Français, telle est la pensée profonde des millions de Français que nous devons organiser, rassembler et guider dans la lutte.

CONTRADICTIONS IMPERIALISTES
ET PUISSANCE SOVIETIQUE

Nous sommes au quatorzième mois de la deuxième guerre impérialiste en Europe et nous avons sous les yeux le bilan suivant : un puissant impérialisme a été abattu [La France]; ceux qui avaient l'habitude faire la guerre par procuration sont obligés de se battre directement[L'Angleterre]; ceux qui déclarèrent la guerre au dernier moment dans l'espoir qu'elle durerait quinze jours, sont obligés de continuer la lutte [L'Italie] et ceux qui comptaient sur de fulgurantes et décisives victoires doivent tout recommencer au moment où ils croyaient avoir tout fini [L'Allemagne][...]

NOUS LIER AUX MASSES

De grandes tâches s'offrent à nous, chers camarades, des tâches que vous saurez remplir avec l'intelligence et dévouement. Mieux encore que pendant la participation de la France à la guerre impérialiste notre politique est comprise par le peuple. Nous sommes le seul Parti qui n'ait pas fait faillite, le seul Parti qui soit resté debout au milieu des événements, le seul Parti qui ait donné des preuves de clairvoyance et de courage. C'est là la raison pour laquelle monte  vers nous un grand courant de confiance populaire.

Mais il ne suffit pas d'avoir eu raison dans la lutte contre la guerre impérialiste pour mériter et garder la confiance du peuple; on ne fait confiance qu'à ceux qui agissent sans trêve ni défaillance, et c'est pourquoi notre devoir est d'agir, de nous lier, de nous mêler à la masse des travailleurs. [...]

 Gardez-vous, camarades, de rester isolés dans une sorte de tour d'ivoire en vous contentant d'affirmer que le Parti a eu raison, sans vous mêler à la masse, sans faire écho à ses plaintes et sans participer à ses luttes. La place de tout communiste est dans le mouvement de masse; c'est dans le contact permanent avec les masses populaires que notre Parti puise sa force et son influence politique.

 NOUS SOMMES
 LE SEUL PARTI FRANCAIS 

On persécute le Parti communiste parce qu'il est le seul Parti Français, parce qu'il est le Parti de l'amitié avec l'URSS, parce qu'il est le Parti du relèvement de la France. On nous persécute parce que nous sommes le Parti de l'avenir, parce que nous sommes le Parti qui veut faire payer les riches et confisquer les bénéficies de guerre, parce que nous sommes le Parti qui veut nationaliser sans indemnité les Banques, Compagnies d'Assurances, Mines, Chemins de Fer et autres entreprises capitalistes pour donner du travail et du pain au Peuple de France; on nous persécute parce que nous sommes le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme, parce que nous sommes le Parti qui donnera à la France le gouvernement du peuple auquel elle aspire, le gouvernement de la libération sociale et de l'indépendance nationale. [...]

Notre presse est interdite, mais grâce à vous, grâce à vos initiatives, grâce à vos efforts elle est, et continuera à être, quand même, largement diffusée.

Merci à vous tous camarades, qui tournez nos tracts et nos journaux; merci à vous qui en assurez la diffusion en faisant preuve de tant d'ingéniosité et de courage; merci à vous tous, qui par tant de moyens divers, faites connaître les mots d'ordre de notre Parti; continuez votre magnifique action de propagande révolutionnaire, faites en sorte que notre Humanité, que nos journaux aillent partout expliquer la politique communiste, et montrer au peuple le chemin de la libération, le chemin du salut. [...]

L'AVENIR NOUS APPARTIENT

[...]
A l'exemple du grand Parti de LENINE et STALINE qui a fait de la veille Russie tzariste épuisée et misérable le puissant et magnifique pays des Soviets, nous ferons de la France, aujourd'hui vassalisée et humiliée, que personnifient Pétain et Laval, une France rénovée, libre et indépendante dans une Europe débarrassée de la domination capitaliste. [...]


Au nom du Comité Central
du Parti Communiste Français (SFIC) :

MAURICE THOREZ                                                             JACQUES DUCLOS
         secrétaire général.                                                                       secrétaire.