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Appel au "Peuple de France !" de février 1940

En février 1940, sixième mois de la guerre opposant la France à l'Allemagne nazie, le Parti communiste clandestin lance un appel au "Peuple de France". (Doc. 1)

Cet appel a été rédigé par Jacques Duclos, secrétaire du PCF réfugié en Belgique, à la suite de plusieurs communications avec Benoît Frachon, responsable du Parti communiste clandestin, dans lesquelles les deux dirigeants ont discuté dans le détail de son contenu.

Sur la forme, le tract est trois fois plus long que le premier appel au "Peuple de France" diffusé le 14 octobre 1939, soit trois semaines après la dissolution du PCF.

Sur le fond, il condamne la politique extérieure du Gouvernement Daladier ("guerre impérialiste") ainsi que sa politique intérieure ("guerre de réaction").

Il consacre aussi un développement à "la trahison des chefs socialistes et réformistes" qui ont commis le crime d'approuver la guerre contre Hitler. 

Au terme de ce long réquisitoire, le Parti communiste appelle les Français à s'unir "sous le drapeau de LA PAIX ET DE LA FRATERNITE DES PEUPLES".

Plaidoyer pour la Paix avec l'Allemagne et la fraternité franco-allemande, l'appel de février 1940 présente une différence notoire avec celui du 14 octobre 1939 : une référence au conflit russo-finlandais qui a débuté le 30 novembre 1939 avec l'invasion de la Finlande par les armées soviétiques.

Ce tract approuve l'intervention soviétique en Finlande et le plus important formule deux prescriptions particulières en réaction à la décision du gouvernement français de soutenir la Résistance finlandaise.

Tout d'abord, il incite les ouvriers des usines travaillant pour la défense nationale à saboter les matériels de guerre destinés au gouvernement d'Helsinki :

"Vous qui travaillez dans les fabrications de guerre, n'oubliez pas que votre devoir est de faire échec aux plans des interventionnistes antisoviétiques qui envoyent du matériel de guerre aux fascistes finlandais; mettez tout en œuvre pour retarder, empêcher, rendre inutilisables les fabrications de guerre dont il est clair désormais, qu'elles sont destinées à combattre l'armée rouge, détachement armé du prolétariat international.

Ensuite, il exhorte les soldats susceptibles d'être envoyés en Finlande pour combattre l'Armée rouge à se mutiner :

"Et si demain les gouvernements de Paris et de Londres, dont toute la haine se concentre contre le pays du socialisme parce que ce qui compte avant tout pour eux, c'est la sauvegarde de leurs privilèges, la défense des coffres-forts, si demain ces hommes veulent faire battre les travailleurs français contre l'URSS, alors l'exemple donné par André Marty et les marins de la Mer Noire, il y a vingt ans, aura de profonds échos parmi les soldats, les marins et les aviateurs."

L'appel au "Peuple de France" de février 1940 est le tract plus important diffusé par les communistes pour la période couvrant les cinq derniers de la guerre franco-allemande de 1939-1940.


Document 1 :

Appel au "Peuple de France !de février 1940
 (Tract original : recto - verso)

Peuple de France !

Depuis septembre dernier, la guerre impérialiste étale sur notre pays son long cortège de souffrances, de misères et aussi de deuils.
Ce temps a été mis à profit par les ennemis et les exploiteurs du peuple, par tous ceux pour qui la guerre est une source de profits, par tous ceux qui, depuis juin 1936, rêvaient de prendre une terrible revanche des victoires remportées alors, par les masses populaires de France.
Personne désormais, ne peut se tromper sur le caractère de la guerre qui est imposée au peuple de France; personne ne peut se tromper sur les objectifs que veulent atteindre les classes dirigeantes de notre pays.
Aujourd'hui, comme en 1914, c'est la conquête et la domination de débouchés, de matières premières, de colonies qui est à l'origine du conflit mettant aux prises les impérialistes français et anglais d'une part, et les impérialistes allemands d'autre part.
De même que l'assassinat du prince héritier d'Autriche-Hongrie à Sarajevo en 1914, fût le prétexte d'une guerre sortie des oppositions d'intérêts des pays impérialistes, de même la prétendue aide à la Pologne a été cette fois le prétexte du déchaînement de la guerre à laquelle les impérialistes se préparaient depuis longtemps.

C'EST LA GUERRE DES OPPRESSEURS DE PEUPLES.

Mais le brigandage impérialiste a toujours pris soin de se camoufler et de s'envelopper de grandes formules. En 1914, on nous disait qu'il fallait défendre la civilisation et maintenant on proclame qu'il faut défendre la liberté des peuples et la démocratie.
Jamais plus impudents mensonges ne furent employés par les gouvernements pour tromper les peuples.
Ont-ils le droit de parler de la liberté des peuples, les impérialistes français qui font mourir au bagne 3000 indochinois qui ont lutté pour la liberté de leur pays ?
Ont-ils le droit de parler de la liberté des peuples, les impérialistes anglais qui tiennent sous leur domination 300 millions d'hindous férocement exploités et privés de tous droits ?
Ont-ils le droit de parler de la liberté des peuples, les impérialistes français qui oppriment 70 millions de coloniaux et ont refusé le droit de vote à nos frères d'Algérie
Ont-ils le droit de parler de la liberté des peuples, les impérialistes anglais qui noyèrent dans le sang l'indépendance des Boers, et firent couler le sang des patriotes irlandais luttant pour libérer leur patrie ?
Nous dénions le droit à tous les impérialistes, quels qu'ils soient, de parler de la liberté des peuples. 
Les gouvernants français et anglais parlent de la Tchécoslovaquie qu”ils ont eux-mêmes sacrifiée; ils parlent de la Pologne qui était une véritable prison de peuples, mais ils ne parlent jamais ni de l'Ethiopie ni de l'Albanie parce qu'ils essayent de mettre Mussolini dans leur jeu, ce qui montre l'hypocrisie de leurs déclarations sur la liberté des peuples. 
Ce que voudraient les classes dirigeantes de France et d'Angleterre, c'est rétablir leur hégémonie en Europe et dans le monde, c'est imposer un nouveau traité de Versailles qui leur permettrait de dresser, sous leur direction, l'ensemble du monde capitaliste contre l'Union soviétique, patrie et espoir des travailleurs du monde entier.
C'est parce qu'ils pensaient pouvoir se servir de lui, contre l'URSS, que Daladier et Chamberlain ont pendant une longue période favorisé les plans de Hitler.
Quand la République espagnole fût victime de l'agression, ni Daladier, ni Chamberlain, ne parlèrent de la liberté du peuple espagnol, et le valet du capital qui a nom Léon Blum, décréta la politique de non-intervention.
Quand la Tchécoslovaquie fût menacée en septembre 1938, ses « protecteurs » de Paris et de Londres poussèrent à la soumission aux exigences hitlériennes le gouvernement de Prague qui sombra dans la capitulation. La Tchécoslovaquie fût sacrifié parce qu'elle était alliée à l'URSS, parce que la guerre d`indépendance continuait en Espagne : parce que la résistance à l'agression dans une telle situation pouvait sauver la paix en faisant reculer le fascisme, ce qui aurait bouleversé le plan des impérialistes, et au cas où malgré tout la guerre aurait éclaté, elle aurait eu le caractère d'une action des peuples pour la liberté.
Or, les impérialistes de Paris et de Londres, en même temps qu'ils préparaient leur guerre impérialiste voulaient, au contraire, porter des coups au mouvement ouvrier et aux masses populaires; ils voulaient, d'une part, en finir avec l'Espagne républicaine, ce qu'ils ont fait avec le concours des socialistes traîtres Besteiro et Casado, et ils voulaient, d'autre part, liquider le Front Populaire en France avec le concours des Daladier, des Blum et des Jouhaux.
Lancer Hitler contre l'URSS et écraser le mouvement ouvrier, tel était le double objectif des hommes de Munich, qui souhaitaient voir l'Allemagne attaquer l'URSS, dans l'espoir de satisfaire leurs appétits impérialistes et de réaliser leurs plans contre-révolutionnaires.

LA GUERRE ETAIT VOULUE DEPUIS LONGTEMPS

Les impérialistes français et anglais n'ont jamais voulu d'un "front de la paix" ils ont trompé l'opinion publique avec cette formule. Ce qu'ils recherchaient c'était le déchaînement d'un vaste conflit qui leur aurait permis d'être les arbitres de la situation et les grand bénéficiaires des malheurs des peuples.
Mais ce plan monstrueux devait se retourner contre eux; Hitler pris de peur devant l'immensité du danger qui résulterait pour lui d'une guerre contre l'URSS, signa un pacte de non-agression avec le gouvernement soviétique, ce qui du même coup faisait disparaître les causes du conflit à l'orient de l'Europe.
De sincères amis de la paix, ne pouvaient que se féliciter d'un semblable dénouement assurant le triomphe des forces de paix sur les forces de guerre, mais cela ne pouvait être admis par ceux qui avaient tout prévu, tout organisé, en vue de la guerre.
Des usines étaient équipées aussi bien en France qu'en Angleterre et en Amérique, en vue de la guerre; des capitaux étaient engagés, des coups de bourse étaient préparés, il ne fallait donc pas laisser échapper l'heure de la guerre.
Le 25 août, l'Angleterre signa un pacte d'assistance mutuelle avec la Pologne fasciste et réactionnaire; de concert avec la France impérialiste, elle poussa la Pologne à la résistance, comme elle l'avait précédemment poussée a refuser toute aide soviétique en cas d'agression. Les gouvernants de Paris et de Londres qui avaient contraint la Tchécoslovaquie à tout lâcher, interdirent à la Pologne de conclure avec l'Allemagne un arrangement relatif au couloir de Dantzig.
L'intransigeance imposée à la Pologne et l'entrée des troupes allemandes dans ce pays, devaient remplacer cette fois les coups de revolver de Sarajevo.
Après 15 jours de guerre, la Pologne fasciste s'est effondrée; ses gouvernants aussi lâches devant le danger que féroces pour le peuple s'enfuirent à l'étranger, abandonnant le peuple à son triste sort. L'Union soviétique, devant cette débandade, alla au secours des 13 millions d'habitants de la Biélo-russie et de l'Ukraine occidentale, qui sont désormais libérées de l'exploitation capitaliste, et qui sur leur demande ont pris place au sein de la grande patrie socialiste.
On a pu noter ce que fût l'aide apportée par l'Angleterre et la France à la Pologne et cela donne une idée de ce qu'aurait été l'aide apportée par ces deux pays à l'Union soviétique si leurs gouvernants étaient parvenus, comme ils l'avaient prévu, à lancer l'Allemagne dans une guerre antisoviétique. Tandis que les avions allemands bombardaient Varsovie, les avions anglais lançaient des tracts sur l'Allemagne et les troupes françaises faisaient au-delà de la ligne Maginot une petite avance dont on disait alors qu'elle était importante, pour déclarer le contraire quelques semaines plus tard au moment du recul.
Et si aujourd'hui un prétendu gouvernement polonais qui ne représente rien a trouvé asile en France, les travailleurs français n'oublient pas que notre pays fût moins hospitalier au gouvernement de la République espagnole quand il dût abandonner la Catalogne, alors que la zone du centre résistait encore en Espagne.

C'EST UNE GUERRE DE REACTIONNAIRES

Si sur le plan extérieur la guerre imposée au peuple de France est une guerre de conquêtes et de profits impérialistes, sur le plan intérieur, c'est une guerre de réaction qui ramène notre pays aux plus sombres périodes de son histoire.
A la faveur de la guerre, les capitalistes font peser sur le peuple de France, une oppression brutale et détruisent systématiquement les conquêtes sociales du Front Populaire.
Malgré cela Daladier ose parler de défense de la liberté et de la démocratie, mais le peuple de France pense que, ce qu'il faut pour défendre la liberté et la démocratie, c'est chasser le gouvernement d'esclavage et de dictature des 200 familles, dont les coups sont concentrés sur le peuple de France. 
Pour pouvoir mieux atteindre cet ennemi, pour pouvoir mieux appliquer les directives des grands capitalistes, ses maîtres, Daladier commença par s'attaquer aux bases de résistance à l'oppression et à l'exploitation des masses laborieuses.
C'est ainsi qu'il commença par interdire la presse communiste car il craignait la grande voix de « l'Humanité », dont le tirage quotidien était de 400 000 exemplaires et qui, aujourd'hui, malgré l'interdiction, continue à paraître, poursuivant dans l'illégalité son œuvre de défense des ouvriers, des paysans, des soldats et de l'ensemble des petites gens.
Après avoir interdit la presse communiste et fait des journaux français de répugnants instruments de la politique des marchands de canons et des profiteurs de guerre, Daladier a pris un décret de dissolution du Parti Communiste Français, qui dans l'illégalité poursuit la bataille contre les ennemis du peuple.
Puis, soucieux d'avoir à sa disposition un parlement de domestiques et d'eunuques, une sorte de Chambre au goût du Reichstag, Daladier a fait emprisonner des députés communistes représentant 1 500 000 électeurs; il a lancé des mandats d'arrêt contre ceux qui avaient échappé à sa police; il a fait expulser illégalement, à deux reprises, des députés communistes de la salle des séances de la Chambre avec la complicité d'un Herriot qui, au lieu de défendre les droits constitutionnels du Parlement, a couvert les coups de force du gouvernement.
Pour compléter ces mesures réactionnaires, le gouvernement fait prononcer la déchéance des élus communistes, un député socialiste ayant été désigné comme rapporteur de cette loi de bas-empire.
Les capitalistes, Daladier et les social-traitres ne veulent pas que les communistes puissent ouvertement dénoncer leurs responsabilités dans la guerre impérialiste, dénoncer les profits monstrueux des deux cents familles, dénoncer la politique criminelle qui est poursuivie contre le peuple de France.

LE GOUVERNEMENT DALADIER CONTRE LE PEUPLE DE FRANCE.

Le gouvernement Daladier, gouvernement de réaction, de misère et de guerre a institué en France des camps de concentration et le travail forcé. N'importe quel citoyen peut-être déporté et astreint au travail forcé sans avoir commis le moindre délit.
C'est le renouvellement de la lettre de cachet de l'ancien régime; c'est la négation de la liberté individuelle; c'est le retour à l'esclavage.
Le gouvernement Daladier a supprimé la liberté de pensée et un citoyen français n'a plus le droit de dire ce qu'il pense des maîtres de l'heure sans risquer le camp de concentration.
C'est le crime de « lèse-majesté » qui est remis en vigueur.
Le gouvernement Daladier a liquidé les droits du suffrage universel en suspendant les municipalités communistes et en prononçant la déchéance des élus communistes à toutes les assemblées électives.
C'est le rétablissement du règne du bon plaisir.
Le gouvernement Daladier a dissous au mépris de la loi les syndicats ouvriers qui ne voulaient pas se laisser domestiquer sous la houlette de Jouhaux et autres valets du grand patronat et du gouvernement. De plus, Daladier a destitué les conseillers prud'hommes communistes privant ainsi les travailleurs de leurs meilleurs défenseurs et les livrant à la merci du patronat et de ses créatures.
C'est pour la classe ouvrière une situation pire que celle qui existait sous le second-empire.
Le gouvernement Daladier a réduit les ouvriers à l'esclavage en détruisant leurs conventions collectives et en supprimant après trois mois de dictature de guerre les élections des délégués ouvriers, ce qui fut réalisé en Allemagne hitlérienne que plusieurs années après l'avènement de Hitler au pouvoir.
C'est le retour à l'exploitation illimitée des ouvriers par un patronat de droit divin.
Le gouvernement Daladier a détruit le statut des fonctionnaires et supprimé de ce fait les garanties dont bénéficiaient depuis des décades les travailleurs de la fonction publique.
C'est l'exemple de la régression sociale donnée par l'Etat au patronat.
Comme Lénine le disait au cours de la première guerre impérialiste de 1914 à 1918 « LA BOURGEOISIE ABROGE ELLE-MEME LA LEGALITE QU'ELLE A CREÉE », pour imposer aux masses laborieuses une oppression plus brutale. Cette politique de dictature militaire et policière se traduit pour le peuple de France par :
1° la réduction des salaires du fait du prélèvement de 5 % ou 15 %
2° la suppression de la semaine de 40 heures et le prélèvement de 40 % sur les heures supplémentaires, ce qui fait qu'en tenant compte de tous les prélèvements, un ouvrier travaille 60 heures ou plus pour le prix de 40.
3° l'insuffisance des allocations militaires se montant à 12 fr., 8 fr. et 4 fr. 50 pours les femmes de mobilisés, cependant que les femmes des mobilisés anglais touchent 30 frs.
4° le refus des allocations militaires à de nombreuses familles, de petites gens, de commerçants qui pourtant sont dans la gène.
5° les retards intolérables apportés au paiement des allocations militaires, puisque plus de 4 mois après le commencement de la guerre, des familles de mobilisés n'ont encore rien touché.
6° l'insuffisance et la fixation arbitraire des indemnités à payer aux paysans et aux commerçants dont on a réquisitionné fourrages, chevaux et voitures.
7° la cherté de la vie provenant de la liberté laissée aux trusts de fixer les prix de gros comme ils l'entendent, cependant que les commerçants détaillants, victimes eux aussi de la hausse des prix, sont systématiquement poursuivis.
8° l'appauvrissement a) des ouvriers dont les salaires sont réduits; - b) des paysans, contre qui se poursuit une politique d'avilissement des prix des produits agricoles qui a débuté par la liquidation de l'office du blé; - c) des commerçants livrés à la merci des trusts.
9° l'insuffisance scandaleuse du prêt de 0 fr. 75 alloué aux soldats, insuffisance que ne compense point la création de la prime de combat, insuffisance qui paraît d'autant plus criante quand on sait que les soldats anglais touchent 25 frs. par jour.
10° la réalisation de bénéfices monstrueux par les grandes sociétés capitalistes dont les valeurs ont enregistré depuis la guerre des hausses importantes, qui témoignent de l'ampleur des profits capitalistes réalisés sur la misère du peuple.

C'est la guerre des profiteurs.
Tandis que la misère s'est installée dans les foyers des travailleurs, tandis que de malheureux réfugiés sont traités comme du bétail, tandis que les soldats avec leurs 15 sous par jour se morfondent dans l'ennui, les privations et les brimades, tandis que des petits enfants manquent de lait et souffrent du froid dans des logis sans feu les marchands de canons réalisent d'énormes bénéfices.
Pour faire leurs affaires, les potentats du capital ont placé au ministère des armements M. Dautry qui appartient à la direction de grandes sociétés capitalistes représentant un capital de plus d'un milliard et demi de francs et tandis que Daladier et Paul Reynaud bavardent contre les bénéfices de guerre, les capitalistes font d'excellentes affaires.
L'action de la société Schneider et Cie dont la valeur nominale est de 400 frs., a été cotée depuis la guerre 1 840 frs.
L'action de la société des Tréfileries et Laminoirs du Havre, dont la valeur nominale est de 500 frs., a été cotée depuis la guerre 1 155 frs.
L'action de la société « l'Air liquide » dont la valeur nominale est de 100 frs., a été cotée depuis la guerre 1 509 frs.
L'action du Crédit Lyonnais dont la valeur nominale a été de 500 frs. est cotée depuis la guerre 1 770 frs.
L”action de la société Kuhlmann dont la valeur nominale est de 250 frs., a été cotée depuis la guerre 852 frs.
On pourrait allonger la liste des grandes entreprises capitalistes, qui à la faveur de la guerre font de bonnes affaires, peuvent payer des salaires réduits aux ouvriers, et peuvent frauder le fisc, GRACE AUX MESURES DE FAVEUR qui leur ont été accordées par PAUL REYNAUD, cependant que les ouvriers paient la contribution exceptionnelle de 15 % ou de 5 %.

Ainsi la misère des uns a comme contre-partie les profits des autres et devant l'évidence de tels faits, personne ne peut nier que la guerre actuelle est une guerre de profiteurs capitalistes.

LA TRAHISON DES CHEFS SOCIALISTES ET REFORMISTES

Les impérialistes français n'ont pu imposer leur guerre qu'avec le concours des chefs du Parti Radical et grâce à la trahison honteuse des chefs socialistes et réformistes à la Blum et à la Jouhaux.
Daladier amené au pouvoir par Blum, le responsable de la politique de la non-intervention et de la "pause", n'a pu attaquer les lois sociales et faire l'opération de Munich dirigée à la fois contre l'URSS et contre la classe ouvrière de France, qu'avec la collaboration du parti socialiste.
En jetant l'interdit sur les organisations de Front unique, le socialiste avait préparé le terrain aux mesures anticommunistes que Daladier devait prendre ultérieurement.
La suppression de la presse communiste fut suggérée et justifiée par cette canaille de Blum qui par la suite appela la répression gouvernementale sur les militants communistes. Les mesures de répression contre le parti communiste français ont été prises en accord complet avec Blum, Paul Faure, et la bande des chefs socialistes traîtres qui ont été les principaux artisans de la déchéance des élus communistes.
C'est en collaboration étroite avec Jouhaux et ses amis que les membres communistes de la CA de la CGT ont été poursuivis et emprisonnés, c'est en accord complet avec les chefs réformistes de la CGT, que le gouvernement Daladier a dissous les syndicats restés fidèles à la classe ouvrière.
C'est en accord avec tous ces traîtres que le gouvernement a détruit le statut des fonctionnaires, destitué les délégués ouvriers et supprimé les élections de ces délégués, pour empêcher les ouvriers de désigner les meilleurs d'entre eux et pour placer la classe ouvrière sous la tutelle du patronat et de ses agents.
Une fois de plus, ceux qui trahirent en 1914, ont renouvelé leur trahison, mais cette fois il y a quelque chose de changé, car le Parti Communiste Français s'est courageusement dressé contre les fauteurs de guerres sans se laisser arrêter ni par les cris de haine des ennemis du peuple ni par les persécutions, et puis, les travailleurs peuvent maintenant tourner leurs regards confiants vers le grand pays où le socialisme a triomphé, vers l'URSS, à qui les traîtres socialistes et réformistes, en bons serviteurs du capital, ont voué une haine sans bornes.

AUX COTES DE L'UNION SOVIETIQUE

Si toute la réaction nourrit de profonds sentiments de haine à l'égard de l'Union soviétique, c'est parce que ce pays symbolise la victoire des travailleurs sur le capitalisme, parce qu'il montre aux exploités du monde entier, la voie à suivre pour se libérer de leurs chaînes.
Quand ils voient les Daladier, les Blum, les La Rocque, les Maurras, les Jouhaux et toute la clique des réactionnaires attaquer l'URSS, tout naturellement les travailleurs placent leur confiance dans ce pays qui provoque la haine des ennemis du peuple, dans ce pays qui fait flotter le drapeau rouge de la révolution prolétarienne sur un sixième du globe et où retentissent les accents libérateurs de « l'Internationale ».
Les travailleurs français saluent avec joie le retour des populations de la Biélorussie et de l'Ukraine occidentales à la grande partie socialiste, ils ont salué avec joie la conclusion du pacte d'assistance mutuelle avec les États baltes.
De même les travailleurs français saluent avec joie la constitution du GOUVERNEMENT POPULAIRE de la République démocratique de Finlande, qui a demandé et obtenu que l'armée rouge se joigne à l'armée populaire de Finlande pour redonner à ce pays l'indépendance à laquelle il a droit.
En aidant les travailleurs finlandais à détruire le centre de provocations impérialistes qui existait dans leur pays, l'Union soviétique a servi la cause du prolétariat international et la cause de la paix contre les provocateurs impérialistes qui n'ont pas renoncé à leur plan de guerre antisoviétique.
Une armée de 400000 hommes commandée par le général le général Weygand est en Syrie dans le but d'intervenir éventuellement, de concert avec l'Angleterre et la Turquie contre le pays du socialisme. Ces messieurs auraient voulu, grâce à. la complicité des provocateurs finlandais se ménager la possibilité d'attaquer l'URSS à la fois par le Sud et par le Nord, comme ils le firent il y a vingt ans.
Voilà pourquoi, les travailleurs de tous les pays saluent l'action du peuple finlandais et de son gouvernement populaire ainsi que l'aide que lui a apportée l'URSS, car tout ce qui consolide le grand pays du socialisme, consolide les positions du prolétariat international.
Le peuple de France dénonce l'hypocrisie de ceux qui se livrent à une abominable campagne antisoviétique et font cyniquement étalage de pseudo sentiments d'humanité.
Silence aux assassins de Guemica, Madrid et Barcelone, et à ceux qui ont couvert leurs crimes.
Silence à ceux qui font tuer des travailleurs pour le plus grand profit des impérialistes.
Ceux qui sont prêts à faire couler des fleuves de sang et ramassent des milliards dans les horreurs de la guerre, sont furieux de voir l'URSS aider le peuple finlandais à se délivrer de ses bourreaux, instruments serviles des impérialistes qui rêvent de détruire la patrie du socialisme. Mais ce qui remplit les impérialistes de colère remplit de joie le peuple de France, heureux de voir s'affirmer la force grandissante du pays des Soviets.
Et si demain les gouvernements de Paris et de Londres, dont toute la haine se concentre contre le pays du socialisme parce que ce qui compte avant tout pour eux, c'est la sauvegarde de leurs privilèges, la défense des coffres-forts, si demain ces hommes veulent faire battre les travailleurs français contre l'URSS, alors l'exemple donné par André Marty et les marins de la Mer Noire, il y a vingt ans, aura de profonds échos parmi les soldats, les marins et les aviateurs. Les prolétaires savent que lutter contre le pays du socialisme où la domination capitaliste a été détruite, équivaudrait pour eux à un véritable suicide, à la trahison du grand idéal de libération humaine qu'incarne l'Union soviétique. Que Daladier et Chamberlain le sachent bien, les travailleurs ne se battront jamais contre l'URSS pays du progrès, de la liberté et de la paix et ils sont bien décidés à ne pas se faire les complices de l'intervention française contre le pays du socialisme, intervention qui s'exprime par l'envoi de matériel de guerre aux bandits de la clique Mannerheim. 
De même que tous les hommes de progrès de tous les pays étaient, il y a 150 ans, aux côtés de la Révolution Française, contre le despotisme féodal, de même tous les travailleurs sont aujourd'hui et seront demain aux côtés de l'Union soviétique, où l'homme n'est plus exploité par l'homme, contre les exploiteurs et oppresseurs impérialistes.

LE PEUPLE DE FRANCE CONTRE DALADIER

Jamais, depuis des décades, un gouvernement n'a été aussi impopulaire en France, que celui de Daladier. Ce gouvernement est haï par les ouvriers, les paysans, les commerçants, les femmes des mobilisés, et l'ensemble des masses laborieuses l'est parce qu'il sent que son gouvernement est l'objet de la haine publique, que Daladier prive le peuple de France de tous les moyens d'expression; c'est à cause de cela qu'il fait du mouchadage une institution d'Etat et de le répression la plus brutale une méthode de gouvernement.
Mais tout cela n'empêche point les ouvriers de protester dans les usines; tout cela n'empêche pas les femmes de mobilisés de crier leur colère, tout cela n'empêche pas les masses laborieuse de montrer combien grand est leur légitime mécontentement. Or nous n'en sommes qu'au cinquième mois de la guerre, et dans les semaines et les mois à venir le peuple de France fera plus nettement encore entendre sa voix; il criera son mécontentement au gouvernement Daladier qui est au service des deux cents familles, à ce gouvernement qui soumet la France aux exigences de la finance anglaise et vient d'accepter que les dépenses communes de guerre soient payées dans la proportion de 3 pour l'Angleterre et de 2 pour la France; alors que les ressources de l'Empire britannique sont beaucoup plus importantes que celles de la France
Au surplus, le peuple de France voit que malgré les emprisonnements, malgré la répression, le Parti Communiste est debout à son poste de combat.
Quelques lâches, quelques trembleurs, quelques individus tenus en laisse par la bourgeoisie ont pu rejoindre les rangs des ennemis de classe; ils peuvent essayer de masquer leur trahison derrière des bavardages anti-hitlériens, cela ne peut tromper personne.
En 1914, les socialistes trahirent en déclarant combattre l'impérialisme chez l'ennemi alors qu'ils étaient à son service chez eux. Aujourd'hui ceux qui derrière un prétendu anti-hitlérisme cachent leur approbation ouverte ou camouflée de la politique de réaction du gouvernement Daladier, doivent être dénoncés comme traître à la cause du peuple de France, ils doivent être flétris comme agents des impérialistes fauteurs de guerre.
Fidèles aux enseignements de Lénine et de Staline, fidèles à la grande leçon de courage révolutionnaire donnée par Karl Liebknecht durant la première guerre impérialiste de 1914, les communistes proclament que L'ENNEMI EST A L'INTERIEUR DU PAYS. Nous, communiste français, nous avons le devoir de lutter sans répit contre Daladier, de même que le devoir de nos frères anglais est de lutter contre Chamberlain et celui de nos frères allemands de lutter contre Hitler.
C'est à la lutte sans merci contre le gouvernement Daladier, contre sa politique d'esclavage, de misère et de guerre, c'est à la lutte pour la paix que le Parti Communiste appelle les masses laborieuses de France.

OUVRIERS  et  OUVRIÈRES, soyez unis dans les entreprises, organisez votre propagande
et votre action revendicative, défendez vos salaires, défendez vos militants, résistez à l'exploitation renforcée dont vous êtes victimes. N'oubliez jamais que si le patronat aujourd'hui prend la revanche de juin 1936, vous devez préparer la riposte pour demain. Vous qui travaillez dans les fabrications de guerre, n'oubliez pas que votre devoir est de faire échec aux plans des interventionnistes antisoviétiques qui envoyent du matériel de guerre aux fascistes finlandais; mettez tout en œuvre pour retarder, empêcher, rendre inutilisables les fabrications de guerre dont il est clair désormais, qu'elles sont destinées à combattre l'armée rouge, détachement armé du prolétariat international.
Vous dockers, n'hésitez pas à refuser de charger les bateaux destinés à transporter du matériel de guerre en Finlande pour combattre le pays du socialisme, objet de la haine du capitalisme international.
FEMMES  DE  MOBILISES,  revendiquez  des  allocations correspondant au coût de la vie,
exigez le moratoire de votre loyer, de vos impôts, ne vous laissez pas intimider par des embusqués de la police dont Daladier se sert pour brimer les travailleurs, faites vous respecter, faites savoir à vos maris ce qui se passe, amenez vos enfants avec vous dans les mairies pour revendiquer ce qui vous est dû.
PAYSANS ET FEMMES DE PAYSANS MOBILISÉS : exigez que vos fils et vos maris vous
soient rendus pour faire les travaux des champs, exigez le moratoire des dettes et des fermages parce qu'elles sont généralement insuffisantes, exigez qu'elles vous soient payées sans retard, exigez que soient augmentées les allocations militaires qui ne sont que de 4 fr. 50 pour les femmes des paysans mobilisés.
COMMERÇANTS
ET  FEMMES  DE  COMMERÇANTS  MOBILISES : luttez avec clients contre les trusts qui
vous rançonnent tous, exigez le droit aux allocations militaires, le moratoire des dettes et des impôts ainsi que le paiement rapide et l'augmentation des indemnités de réquisition qui vous sont dues.
FONCTIONNAIRES ET TRAVAILLEURS DES SERVICES PUBLICS, exigez tous ensemble
que soit remis en vigueur, le statut qui vous régissait et que soient rétablies les garanties dont bénéficiaient les travailleurs de la fonction publique.
INTELLECTUELS, HOMMES DE SCIENCE, REPRESENTANT DE LA CULTURE qui voyez
détruire toutes les libertés démocratiques dans notre pays et qui voyez s'affirmer avec insolence la toute puissance des marchands de canons et des profiteurs de guerre, faites entendre votre protestation contre les deux cents familles qui tyrannisent le peuple de France.
FRÈRES DES COLONIES, qui subissez  le joug  des impérialistes français décidés à vous
dresser demain contre le peuple de France, exigez qu'on vous donne le droit de fixer librement votre destin, exigez d'être traités en hommes libres et non en esclaves et soyez assurés d'avoir le soutien, pour faire triompher vos légitimes revendications, de l'ensemble des masses laborieuses de France et du Parti Communiste Français, le grand Parti de l'indépendance des peuples et de l'émancipation humaine.
SOLDATS qui voyez vos familles maltraitées tandis que vous supportez des privations, des
souffrances et que vous courez des risques à l'armée, protestez contre l'indigence du prêt qui vous est alloué; exigez que vos familles soient respectées et mises à l'abri du besoin; exigez d'être humainement traités et n'oubliez jamais que sous l'uniforme vous restez des ouvriers, des paysans, des travailleurs dont les intérêts sont opposés aux intérêts de ceux qui vous font faire la guerre.
Contre le gouvernement Daladier au service du capital, contre ses valets les chefs socialistes et réformistes, tous les Français qui travaillent souffrent et espèrent doivent s'unir, car c'est de leur union dans l'action que dépend la victoire sur leurs ennemis. 
C'est à cette unité de lutte contre la guerre impérialiste et pour la paix, que le Parti Communiste Français convie les travailleurs des villes et des champs et qu'il appelle fraternellement les ouvriers socialistes dressés de plus en plus nombreux contre leurs chefs traîtres.
Au bloc de la réaction et des chefs socialistes et réformistes traîtres à la classe ouvrière, opposons le Front unique de tous les travailleurs sous le drapeau de la lutte contre la guerre impérialiste, contre le gouvernement Daladier et pour la paix. 
Les impérialistes ont voulu la guerre, mais à l'appel des communistes, la classe ouvrière se prépare comme l'a dit Georges Dimitrov, le héros du procès de Leipzig :
« à en finir avec cette guerre à sa façon dans son intérêt, dans l'intérêt de toute l'humanité travailleuse et à supprimer à tout jamais les causes essentielles qui engendrent les guerres impérialistes ».
Peuple de France sois uni pour lutter contre le gouvernement Daladier, contre la guerre impérialiste sous le drapeau DE LA PAIX ET DE LA FRATERNITE DES PEUPLES.
Communistes, socialistes, hommes de progrès et de liberté, partisans sincères de la paix, hommes et femmes, jeunes et vieux, tous ensemble, luttons pour imposer :
La suppression de la contribution de 5 à 15 % sur les salaires et traitements. 
La confiscation des bénéfices de guerre et le prélèvement sur les grosses fortunes afin de faire payer les riches.
Le rétablissement des lois sociales (semaine de 40 heures, élection des délégués ouvriers, statut des fonctionnaires, etc.)
Le moratoire des loyers et des impôts pour les familles des mobilisés et le relèvement des allocations militaires. Le moratoire des dettes et des fermages, le maintien de l'office du blé et l'application d'une politique assurant des prix rémunérateurs aux paysans.
Le moratoire des dettes et des impôts pour les commerçants.
Le fonctionnement normal du parlement et de toutes les assemblées délibérantes avec la participation des élus communistes dont la déchéance illégalement prononcée, doit être abrogée.
Le rétablissement des municipalités communistes dans leurs fonctions.
La libération de tous les défenseurs de la paix qui sont emprisonnés et l'arrestation des cagoulards qui ont été libérés.
L'octroi de traitements et salaires égaux à ceux des français aux indigènes des colonies; l'institution du suffrage universel dans les colonies en vue de procéder dans chacune d'elles à l'élection d'une Assemblée Nationale Constituante.
A bas la guerre impérialiste !
A bas le gouvernement des 200 familles.
Vive l'union du peuple de France pour imposer la paix.
Vive l'Internationale Communiste à laquelle les travailleurs français restent indéfectiblement attachés.
VlVE L'UNION SOVIÉTIQUE DE LÉNINE ET DE STALINE, ESPOIR DES TRAVAILLEURS DU MONDE ENTIER.
Vive la France que nous voulons débarrasser du gouvernement des 200 familles, et que nous voulons libre, forte et heureuse dans une Europe où, sur les ruines du régime capitaliste, pourra s'édifier enfin la fraternité des peuples.


Le Parti Communiste Français (SFIC).